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Générer de l'impact

L'être humain est comme une graine : lorsqu'il est nourri, son potentiel peut se matérialiser en une belle plante. J'ai progressivement pris conscience de la composition de ma graine personnelle afin de pouvoir apporter ce qui fait de moi ce que je suis et rééquilibrer les lieux ou les situations dans lesquels je suis impliquée grâce à un mélange unique, mon propre leadership.




Tout le monde produit un impact, qu’on le veuille ou non, qu’on en soit conscient ou non, la question étant de savoir si c’est vraiment celui que l’on souhaite produire.





Le mot impact a toujours eu une connotation brutale, dure en moi. Certainement parce qu’il est synonyme de choc, je le reçois plus comme l’impact d’une météorite sur l’écorce de la terre que comme un atterrissage contrôlé en douceur! Pourtant j’ai appris à donner un sens à ce mot dans tous les aspects de ma vie.


J’ai d’abord commencé à m’intéresser à l’impact reçu. Grandir dans une famille nombreuse de 9 enfants, traverser les aléas de la vie, par exemple le décès accidentel d’une soeur que je n’ai pas connue, partie avant même qu’elle ait su marcher, ce qui a généré beaucoup de douleurs dans la famille et observer l’impact du flot de la vie sur mes parents, sur mes aînés (je suis la “petite dernière” de la fratrie et des nombreux cousins des côtés paternel ou maternel), tout cela a fait partie de mon enfance et m’a naturellement amenée à observer les dynamiques humaines et à prendre en compte la notion d’impact comme illustration de la loi naturelle de cause à effet.


Alors que j’ai toujours été consciente de l’importance d’apprendre à maîtriser l’impact que je produis, c’est au travers d’expériences variées et intenses sur plusieurs décennies que j’ai vraiment travaillé cela dans l’objectif d’arriver à une certaine maîtrise, à tout le moins la maîtrise de ce que je contrôle. 

Car c’est ce qui est si intéressant et souvent déboussolant lorsque l’on analyse son propre impact, c’est qu’il est le fruit et la conséquence d’un certain nombre de facteurs et de causes que pour une bonne partie nous ne contrôlons pas. La démarche d’identifier, d’analyser et de choisir son propre impact commence donc par une plongée en soi d’où remontent plus de questions que de réponses, ou plutôt où chaque nouvelle réponse apportée provoque une nouvelle question.


Personnellement, je trouve cela fascinant et ai toujours dédié une bonne partie de ma vie à cette quête, que ce soit au travers d’expériences concrètes me permettant de me tester, de me découvrir ou en m’autorisant des plages de temps dans mon quotidien complètement dédiées à une introspection et réflexion personnelles. Apprendre à mettre des mots sur tous mes ressentis (tenir un journal ou en discuter avec les proches par exemple) a également beaucoup aidé dans ce cheminement et avec le recul des années, je peux clairement identifier mon chemin d’évolution.


Voici quelques-uns des enseignements que j’ai tirés de ce cheminement: la prise en compte des contextes, la recherche de l’équilibre nécessaire, les facteurs contrôlés ou non et l’épreuve du temps.


Ne pas tenir compte de la variété des contextes dans lesquels nous vivons peut créer des différences importantes, des tensions en nous-mêmes et même des frictions avec les autres.

Dans une même journée, nous traversons des contextes et environnements de vie très différents où l’impact attendu peut varier d’un opposé à l’autre. Alors que des contextes professionnels nous demandent de produire un certain type de résultats dans un temps déterminé où créer de l’impact fera partie des capacités attendues, les situations de vie privée quant à elles sont bien souvent tout le contraire où il nous est plutôt demandé d’apprendre à lâcher prise sur tout type d’attente vis à vis des autres, d’apprendre à neutraliser notre intervention sur les autres. C’est pratiquement l’opposé de ce qui est demandé et reconnu dans le monde du travail. Donc définir et analyser son impact sans prendre en compte la variété des contextes dans lesquels on évolue dans notre vie risque de créer des décalages importants qui généreront une tension intérieure très énergivore voire des frictions avec les autres.


Maîtriser son propre impact exige un juste équilibre à plusieurs niveaux. 

L’équilibre du ‘quoi’ et du ‘comment’: l’impact ne se définit pas seulement par ce que l’on crée mais comment on le fait. Trop souvent le ‘comment’ est mis de côté ou sous le tapis, sous entendu que ce qui compte c’est le résultat visible. Pourtant un facteur essentiel de l’impact reste le ‘comment’ qui sera déterminant dans l’évolution dans le temps. Que ce soit dans ma vie personnelle ou professionnelle, je ne néglige pas le ‘comment’ pour estimer ma propre contribution au monde, la seule prise en compte de ce qui est créée est pour moi insuffisante pour estimer mon propre impact.

A l’inverse, j’ai connu un environnement professionnel où tant d’attention était portée sur le ‘comment’ que le résultat en lui même était soit irréaliste, soit prenait trop de temps à être produit tant on restait englués dans les principes. Cela engrange beaucoup de coûts directs et indirects et une difficulté à exécuter qui dans un environnement d’entreprise avec un enjeu de profitabilité est un dysfonctionnement qui demande à être corrigé. 

L’équilibre en soi est également très important: générer un impact mesuré demande de savoir équilibrer les différentes polarités qui nous habitent telles que le positif et le négatif ou le masculin et le féminin. Trouver son équilibre au travers de ces polarités est propre à chacun et demande de prendre le temps de bien se connaître, de s’écouter. Car cet équilibre n’est pas figé et évolue tout au long de la vie: l’équilibre qui fonctionnait pour moi il y a 20 ans, n’est pas forcément valable 20 ans plus tard.

Trouver et rester en équilibre en soi, vis à vis des autres et par rapport à ce que l’on réalise est donc primordial dans la mise en place d’un impact juste et mesuré.


L’impact est la synthèse de facteurs que l’on contrôle et de facteurs qu’on ne contrôle pas.

Etre lucide et réaliste sur ce qui relève de notre contrôle et ce qui n’en relève pas est très important, non seulement pour bien délimiter notre rôle et notre intervention dans tout ce que l’on est amené à faire mais également dans l’évaluation honnête de notre réelle contribution.

En effet, il est très fréquent d’observer des situations où les résultats obtenus sont associés à une personne en particulier, à une attitude ou à un comportement spécifique. Je pense notamment à tous les contextes professionnels où la notion de performance individuelle aura un impact direct sur des décisions telles que l’augmentation de salaire, l’attribution d’une prime ou l’obtention d’une promotion. Ce lien de cause à effet peut venir biaiser l’évaluation neutre et objective des réels facteurs ayant permis l’obtention des résultats. Que se passe t-il exactement pour obtenir de tels résultats? Est-on à même de l’identifier? Et comment le mesure t-on? Ça n’est pas parce qu’on ne contrôle pas un élément qu’il n’intervient pas ou qu’il n’existe pas. L’impact est généré par nos propres interventions et par des interventions autres qu’on ne contrôle pas et dont parfois on n’a même pas conscience. C’est tout l’enjeu du débat entre performance collective et performance individuelle, et la part que chacun occupe dans l’évaluation d’ensemble. Mettre en place un mécanisme d’identification et de mesure de l’impact généré qui soit juste fait constamment l’objet de recherches et de nouvelles méthodes ou solutions sont régulièrement proposées. C’est une question complexe qui n’a pas une réponse toute faite et demande une réflexion collective profonde sur de nombreux paramètres au sein de l’organisation concernée.


Au niveau individuel, je me suis déjà retrouvée à générer un impact auquel je ne m’attendais pas du tout, que ce soit dans le sens ‘bonne surprise’ ou à l’inverse ‘oops, qu’est-ce que j’ai fait?!’. L’honnêteté et l’humilité sont de rigueur pour décrypter la situation avec lucidité et progressivement comprendre ce qu’il s’est réellement passé.


Une stratégie logique pour générer plus d’impact est de vouloir étendre le champ de ce que l’on contrôle: comment le fait-on et jusqu’où est on prêt à aller pour obtenir plus de contrôle? Quelles stratégies va t-on déployer pour cela? Va t-on s’autoriser à avoir recours à la manipulation? Va t-on mettre en place la fameuse règle de ‘diviser pour mieux régner’ qu’il m’est arrivé de recevoir de ma hiérarchie telle une formule magique incontournable, de manière à pouvoir rester en contrôle et au pouvoir?

Avec le temps, j’ai formulé une réponse qui est un point de repère auquel je reviens lorsque je me sens confuse: je me contrôle moi, je ne contrôle pas l’autre. Je contrôle ma façon de penser, la place que je laisse à telle ou telle pensée ou idée en moi, je contrôle mes intentions, les décisions que je prends, les comportements que j’ai et les actions que je pose, je contrôle le temps que je passe à telle ou telle activité. 

Je ne contrôle pas les événements extérieurs, les circonstances globales et surtout je ne contrôle pas l’autre et ne mettrai pas de stratégies en place pour le contrôler (je tiens ici à préciser que c’est un principe général valable dans un contexte où le comportement observé de l’autre ne demande pas intervention de ma part, c’est à dire qu’il n’y a pas de risque objectif de péril ou d’insécurité. Si le comportement observé demande objectivement une intervention alors c’est différent - sachant qu’être objectif sur tout cela est tout un apprentissage).

C’est très clair et sans appel: le respect du libre arbitre de l’autre est fondamental dans ma façon de naviguer et d’avancer dans la vie à tous les niveaux, quels que soient les contextes et j’ai suffisamment expérimenté ce principe pour en conclure que de voir les choses de cette façon n’a pas du tout diminué ma capacité à obtenir des résultats et générer un impact mesuré, bien au contraire.


Le temps joue une rôle clé dans l’évolution de l’impact.

C’est le dernier enseignement que je souhaite aborder ici (il y aurait encore beaucoup à dire…), à savoir qu’il y a plusieurs temps dans le sens plusieurs paliers de maturation de l’impact. Cela ne veut pas dire que l’impact immédiat n’a pas de valeur mais il n’est pas suffisant en soi et c’est valable dans tout type de situation.

Prenons un exemple très courant de situation de vie: une discussion entre deux personnes où sont échangées des positions.  Les mots échangés, le ton de la voix, les émotions exprimées pendant la discussion ont un impact sur le moment, qui alimentent la discussion. Pourtant ça ne s’arrête pas là. Après coup, ce qui a été exprimé va continuer à cheminer chez l’autre, le faisant réfléchir, allant même peut être jusqu’à le faire changer de position ou d’angle de vue sur telle question. On voit là clairement deux paliers d’impact distincts et c’est l’effet du temps qui permet cela.

Dans un monde où les cycles de décisions se sont raccourcis, où regarder à 6 mois apparaît de plus en plus comme du long terme, se donner les moyens de mesurer l’impact dans le temps et pas uniquement sur le moment, demande d’affirmer sa volonté de leader de rendre les actions pérennes sur la durée. Quelles décisions seront prises et quelles ressources seront mobilisées pour s’assurer d’une bonne mesure à la fois sur le moment et dans le temps?


Alors, est ce que la question de l’impact généré vous interpelle régulièrement?


Pour moi, c’est devenu un questionnement systématique dans tous les aspects de ma vie: dans les décisions de la vie quotidienne, dans l’éducation de mes enfants, avec les personnes que je rencontre, dans les rôles professionnels que j’occupe surtout lorsqu’ils comportent des responsabilités importantes et vont directement impacter la vie des personnes.

Ce sont des questions primordiales à aborder en équipe, par exemple une équipe de direction, non seulement en clarifiant les intentions de l’équipe au début d’un cycle mais également et surtout au fil de l’eau au travers des comportements observés au sein même de l’équipe. Ces comportements sont-ils réellement alignés avec les principes de départ? En tant que leader d’équipe, est-ce que j’autorise, implicitement et explicitement, mon équipe à interpeller son collègue ou moi-même en cas de non alignement dans le but d’en discuter et de se réaligner?

Dans mon expérience, je n’ai pas toujours vu assez de temps et d’énergie consacrés à cette réflexion personnelle ou d’équipe indispensable, tant le résultat tangible et quantifiable est le point principal et parfois unique d’attention. Cela reflète à mes yeux un manque de maturité et lorsque je suis amenée à intervenir avec une équipe dans ce contexte, je ne me manque pas d’orienter la réflexion collective dans cette direction.

Car produire un impact c’est aussi contribuer vis à vis du groupe avec lequel on interagit pour l’aider à devenir une meilleure version de lui même et à construire un dialogue ouvert et mature quel que soit le rôle tenu par les uns et les autres.



La question de l’impact que je génère m’a toujours interpellée et je suis loin d’avoir fini d’apprendre sur le sujet tant elle se pose aussi bien au niveau du microcosme individuel que du macrocosme collectif, comme le montre l’évolution du monde actuel qui traduit les questions de plus en plus nombreuses sur l’impact réel que notre mode de vie génère.

Illustration: Opal

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